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Channel: _Invité du mois – Inspire Institut, réconcilier développement économique et biosphère.
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L’invité d’EXAPTATIONS Décembre 2011- Romain Ferrari

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Romain Ferrari est Président de la fondation 2019 dont l’objet est de créer les outils et les processus permettant d’orienter l’économie vers une meilleure gestion de notre maison Terre, aux vues des données écologiques les plus universelles possibles.

INSPIRE : Vous venez de créer la "fondation 2019". Pouvez-vous nous décrire son objet et ses activités ?

Romain Ferrari : Fondation 2019 se situe sur le territoire des activités économiques et particulièrement dans le domaine de la Production – Consommation.  Dans ce domaine, force est de constater que les prix des biens et des services ne reflètent plus les vrais coûts écologiques et sociaux consécutifs. Cette disjonction entraîne de profonds déséquilibres. Elle est une des causes majeures de la crise économique actuelle !

Souvenons-nous que l’effondrement du système économique soviétique s’explique, en partie, par le fait que les prix ne reflétaient pas les véritables coûts économiques. Le système économique libéral actuel souffre d’un handicap analogue : les prix ne reflétant pas les coûts écologiques réels.

Résultat : la collectivité est condamnée à prendre à sa charge le lourd préjudice des externalités négatives et les déficits environnementaux et sociaux consécutifs se creusent.

Ainsi, Fondation 2019 finance et dirige des Recherches sur l'Economie de l'Environnement. Elle a pour activité de recenser, développer et éprouver des outils de transcription économique des impacts environnementaux et sociaux consécutifs.

INSPIRE : Si ces outils pouvaient réellement être appliqués, à quoi donc pourraient-ils servir ?

RF : A étendre la comptabilité des entreprises ou entités publiques, afin de renforcer la transparence effective des comptes en prenant en compte les déficits ou bénéfices environnementaux, pour la création ou la modification des régimes fiscaux (une TVA circulaire par exemple) ou dans les processus de notation des entreprises et organismes…

INSPIRE : N’y a-t-il pas un risque d’encourager la marchandisation des biens communs de l’humanité ?

RF : C’est un des sujets les plus sensibles et un des risques majeurs du mauvais usage de ces outils, j’en ai bien conscience !

D’abord, certains biens ne peuvent pas se monétariser.
C’est le cas des biens qui se détruisent en se partageant (pour reprendre la nomenclature de Pierre Calame), la biodiversité en est le plus bel exemple, ainsi que tous les processus irréversibles.

Ensuite, Il y a ceux qui se multiplient en se partageant : la connaissance, la culture, la solidarité, l’amour …  Sur ceux là, c’est l’éthique qui doit fixer les règles à l’abri de toute pression économique.

N’oublions pas deux choses :

  • Les outils de monétarisation des impacts, restent des outils, rien de plus. En aucun cas ils se suffisent à eux-mêmes dans un processus décisionnel. Au mieux, ils ne peuvent être que des outils, imparfaits, d’aide à la décision.
  • L’économie n’est ni une fin en soi, ni le salut de l’humanité !

INSPIRE : Plus globalement, quelle est-votre vision de ce qui pourrait fonder une nouvelle prospérité compatible avec les limites de la biosphère ?  Comment favoriser son émergence ?

RF : En fin de compte c’est assez simple : il suffit de redescendre sur terre !
En 1969, après une décennie d’évolutions techniques et sociales majeures, l’homme a réussi à mettre le pied sur la lune. C’est aussi à cette époque, qu’une partie de l’humanité, détachée de toute réalité terrestre, a vécu dans l’apesanteur du consumérisme sans limite. Plus de quarante an après, force est de constater que nous n’avons toujours pas remis les pieds sur terre.

2019 sera le cinquantenaire de la conquête de la lune, et comme par hasard, le point de convergence de toutes les limites de notre mode de développement actuel. Si nous voulons redescendre sur Terre, nous avons moins de dix ans pour construire un plan d’évolution au moins aussi ambitieux que celui des années soixante ! L’émergence de nouvelles règles économiques constitue un des leviers puissants pour y parvenir.


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